« Nadia est une artiste qui n’a pas le temps de manier les crayons, alors elle dessine dans sa tête. Elle écoute pendant ses poses artistes et professeurs s’adresser à leurs élèves puis met en pratique leurs conseils. Mais pas sur le papier, dans son imagination. Dans une rue grisâtre elle voit un arbre, le regarde et sait lui rendre intérieurement sa beauté. Elle accompagne les artistes dans leur évolution et s’adapte à leurs envies. Pour certains ce sont les allongés lascifs, pour d’autres les poses en force. Chacun doit pouvoir dessiner selon son goût et ses capacités pour sortir de la séance satisfait. Elle n’a pas de statut social mais elle se sent reconnue quand elle voit que ses poses stimulent les artistes. Leur contentement fait le sien. Pour Nadia, dessiner des nus c’est retrouver le langage du corps, des yeux, des mains, partager l’énergie du corps et communier sans mot autour de l’expressivité de la pose. Les regards posés sur son corps ne voient pas sa nudité. Ils cherchent des volumes, des ombres, des détails sans lui faire sentir un manque de pudeur. Sa nudité ne lui est pas renvoyée à la figure. Elle se sent habillée par les poses qu’elle offre. En retour elle scrute les artistes en train de la dessiner, guettant grimaces et coups d’oeil. Elle les observe. Nadia aime voir les gens travailler. Qu’ils soient artisans, artistes ou autres, elle adore passer des heures à leur côté à les observer. Alors se trouver sur une estrade face à tous ces travailleurs, quel poste d’observation privilégié ! Pour Nadia, regarder le travail des artistes, c’est se voir sous 360°, au travers d’un kaléidoscope de techniques et de couleurs. Ils la voient tous différemment et font de sa pose à elle le sujet de leur histoire. Elle crée avec les artistes qui la dessinent une relation de complicité, de respect et de partage dans laquelle l’un n’existe pas sans l’autre. La première pose se fait de dos, génée. »